Nous avons tous au moins une fois connu quelqu'un ou vécu nous-même une situation où nous avions envie de "faire autre chose de notre vie".

Par exemple, quand nous trouvons notre travail trop routinier et qu’il ne nous ne nous amène plus de satisfaction. Nous avons alors le choix entre quitter ce travail qui est stable, nous apporte une certaine sécurité financière et un tissu social confortable ou tenter de vivre autre chose, encore inconnu, mais potentiellement plus passionnant et ouvrant de nouvelles perspectives.

Bref, cette situation va nécessiter une prise de décision car nous avons une situation d'inconfort et que nous ressentons le besoin de changer. Mais au moment même de dire : "Bon je vais le faire" », « Je me lance » arrive dans notre esprit tout un ensemble de doutes : "et si je ne trouve rien d’autre ?" « Et si ça ne plait pas » « et si je n’y arrivais pas » …
Parallèlement, on sait bien le statu quo n’est pas la solution, «qu’on ne va pas pouvoir tenir longtemps comme ça. » « Que ce n’est plus possible. »

Nous voilà alors confronté au paradoxe de l'âne de Buridan.
Jean de Buridan, philosophe français du XIVe siècle a illustré «cette incapacité de prendre une décision" par une légende selon laquelle un âne est mort de faim et de soif entre un seau contenant de l'avoine et un seau contenant de l'eau faute de choisir.

Qu'est-ce-que prendre une décision ?
Prendre une décision de façon sérieuse est un instant dans lequel notre être tout entier s'engage dans une certaine direction.
Je dis de façon sérieuse car je ne parle pas de prendre une décision à la légère, "pour parler" mais d'un réel engagement qui va générer des actions et avoir des conséquences.

Le cadre d'une prise de décisions est l'ensemble de toutes les options possibles. Il peut y en avoir 2, 3, 4, 5 ou même beaucoup plus. Et plus nous avons de possibilités…plus le choix et donc la décision sera difficile. Et c'est exactement ce que nous sommes en train de vivre.

Les changements technologiques et les innovations telles que les smartphones et les tablettes ne font qu'exacerber notre pléthore de choix. La connectivité constante et la surconsommation de données en temps réel et de médias sociaux nous inondent de données tout en limitant le temps de l'autoréflexion et du repos.
Résultat : une prise de décision plus difficile pouvant même conduire à une fatigue décisionnelle et aller jusqu’à une certaine paralysie.

Ce "paradoxe du choix" est exacerbé par le fameux "et si… ?".
Et si je faisais ce choix… je raterais peut-être quelque chose ?
C'est le concept anglo-saxon de FOMO ou fear of missing out. Inventé en 2004 par un étudiant de Harvard, Patrick McGinnis - la peur du FOMO est définie comme « l’angoisse qu'un événement passionnant ou intéressant puisse simultanément t se produire ailleurs, souvent suscité par des publications vues sur les médias sociaux ». Cette définition s'est étendue au-delà des limites des médias sociaux et est maintenant omniprésente dans notre vie quotidienne. Les premières études montrent que l'effet de FOMO peut paralyser notre capacité à prendre une décision car quelque chose de mieux pourrait arriver.
En clair, on décide de ne rien choisir en attendant que quelque chose de mieux se produise car on a vu sur Linkedin, facebook ou Instagram que cela pouvait arriver !!!

Comment la non prise de décision affecte le bien-être ?
Le «et alors » du FOMO peut conduire à divers stades et degrés de désespoir et d’impuissance. Mener sa vie à partir de ce FOMO peut affecter la résilience ou la capacité à rebondir. On est alors accablé de fatigue, de stress et même de sommeil perdu. Les images sur les réseaux sociaux ne font qu'aggraver ce sentiment de dépassement. FOMO augmente non seulement l'anxiété quant à l'expérience manquée, mais diminue le plaisir momentané de l'expérience actuelle.

Comment faire ?
La première chose à faire est de prendre conscience de sa capacité actuelle à prendre des décisions et d'en comprendre les raisons qui peuvent être liées au FOMO décrit plus haut mais surtout de ce « que vous êtes » : quels sont vos motivateurs, quel est votre niveau d'intelligence émotionnelle, quel est votre objectif. Ainsi, vous serez en mesure de comprendre vos réactions lors d'une prise de décisions et de mettre en œuvre les compétences qui peuvent être liées à la décision à prendre...

On peut ensuite travailler sur plusieurs axes pour prendre des décisions sereinement.
Voici quelques principes utiles :

1. Faire la distinction entre les vraies et les fausses options.
Cela peut sembler évident pour certains, mais pour d’autres, il arrive que des solutions farfelues se mêlent aux plus réalistes. En fait, vous êtes probablement confronté à beaucoup moins d'options que vous ne le pensez.
Prenons un exemple concret : un de mes amis voulait changer de poste et m’assurait qu’il correspondait à 10 jobs sans problème, qu’il avait l’embarras du choix !.
Quand je lui ai demandé de montrer une offre d'emploi solide qu'il pourrait accepter et bien… Il en était incapable, il est revenu les mains vides.

2. Faites la distinction entre le risque et l'incertitude.
Le risque signifie que les probabilités d'événements sont connues. L'incertitude signifie que les probabilités sont inconnues. On peut faire des calculs avec le risque et décider de prendre ou non un pari, mais pas avec une incertitude. Malheureusement, la plupart des décisions de la vie impliquent l'incertitude plutôt que le risque (qui se limite généralement aux jeux de casino, aux tirages au sort et aux manuels de statistiques). Nous devons apprendre à
décider avec des informations imparfaites et incomplètes.

3. Rédigez vos critères idéaux avant de regarder les options disponibles.
Écrivez ce que vous ne voulez pas poursuivre dans la vie - il est souvent plus facile de trouver ce que vous ne voulez pas plutôt que ce que vous voulez faire. Prenez le temps de vous asseoir et de réfléchir sérieusement à cela afin de ne le faire qu'une seule fois. Cela vous fera gagner du temps et de l'énergie plus tard quand vous consulterez la liste pour vous aider à éliminer les choix rapidement.

4. N'oubliez pas le passé mais laissez-le aller.
La prise de décision rationnelle nous demande de ne pas tenir compte des coûts engagés à ce jour, quel que soit le montant que vous avez déjà investi - financièrement ou émotionnellement. Seule l'évaluation des coûts et avantages futurs compte.
« Apprenez à fermer les portes, ce n'est qu'alors que vous pourrez ouvrir de nouvelles fenêtres ». Sauf pour tirer des leçons utiles, le passé est un coût irrécupérable.

Les quatre points ci-dessus sont des conseils rationnels. Mais nous sommes des êtres émotionnels et la vie n'est pas un test à choix multiples mais elle est pleine d'ambiguïté et de contradictions. Surtout, il est essentiel de prendre des décisions auxquelles vous croyez : ne vous laissez pas piéger par le bruit des opinions et des dogmes des autres ; ayez le courage de suivre vos convictions. Trouvez vos propres principes directeurs et créez votre propre chemin. Notre temps est limité. Ne la gaspillez pas. Le statu quo n'est pas une option. Steve Jobs a déclaré que se souvenir de sa mortalité était l'outil le plus important qu'il ait jamais rencontré pour l'aider à faire les grands choix de la vie et éviter le piège de penser que l'on a quelque chose à perdre.