(Introduction : )
Bonjour et bienvenue pour un nouveau podcast méristhemE, aujourd’hui consacré à la célèbre pyramide de Maslow.
Je reçois Alexandre Kerangall, PNListe et diplômé en communication et marketing, qui va nous en dire un peu plus à ce sujet.
Bonjour Alexandre !

Bonjour Elise

Pour commencer, peux-tu nous résumer la théorie de Maslow ?

Abraham Maslow est un psychologue américain qui a étudié la motivation et la recherche d'accomplissement de soi.
Pour lui, ce qui nous motive, c'est la nécessité de satisfaire nos besoins
Et il en décrit 5 types.

-D'abord, les besoins liés à la survie ou besoins physiologiques
Avoir des revenus, manger, boire, dormir…

-Ensuite, les besoins de sécurité
Avoir un environnement sain, avoir accès aux soins ou avoir un emploi stable par exemple.

-Viennent après les besoins d'amour et d'appartenance
Avoir des amis, avoir un statut social, pouvoir s'exprimer dans son groupe…

-Puis les besoins d'estime et de reconnaissance
Sortir du lot, développer son autonomie, s'affranchir…

-Et enfin les besoins d'accomplissement
S’épanouir, être créatif, méditer…

Mais en pratique, quel est l’intérêt de cette classification, de nos besoins ?
(Partie 1 : La pyramide)

En pratique, la prise de conscience de nos besoins nous permet de prendre des décisions plus sereinement.

Pour Maslow, " les besoins humains sont dynamiquement fluides — avec plusieurs de ces besoins présents dans une personne simultanément."
Si plusieurs besoins cohabitent, certains se font plus urgents que d'autres et au moment de passer à l'action, l'individu sera davantage motivé par le besoin prioritaire.

Ajoutons que, selon Abraham Maslow, la satisfaction d'un besoin ne peut être réalisée que si les besoins de niveau inférieur sont eux-mêmes déjà satisfaits. D’où la représentation en pyramide. Celle-ci est pratique mais trompeuse, car on est tenté de penser que les besoins suivent un ordre, l'un après l'autre.
Autrement dit, cette représentation véhicule une fausse idée selon laquelle un besoin doit être satisfait à 100 % avant que le besoin suivant émerge.
Mais ce n'est pas le cas. Il ne s'agit pas de satisfaire un niveau de besoin à 100% puis d’accéder au niveau supérieur.

Par exemple, un individu ne peut pas se sentir en sécurité (niveau 2) si sa première préoccupation est de trouver à boire ou à manger (niveau 1).

Il ressentira donc simultanément 2 besoins, mais agira prioritairement de manière à satisfaire le besoin du niveau le plus bas de la pyramide.

Je ne comprends pas bien, tu veux dire que tous nos besoins cohabitent en permanence ?

Exactement, le traitement des 5 niveaux de besoins est simultané et progressif.

Un individu peut satisfaire ses besoins de survie à 90%
Compléter le niveau de sécurité à 80%
Le niveau d'appartenance à 60%
Celui d'estime à 40%
Et se réaliser à 10%

Une amélioration du niveau de base, sera favorable à une augmentation des niveaux supérieurs.
Alors qu'une dégradation de la satisfaction de niveaux de base engendrera une diminution des niveaux plus élevés

Prenons le cas de la pandémie de coronavirus.
Les populations ont dû réduire l'énergie qu'elles dépensaient pour leur épanouissement ; pour la redéployer pour la survie et la sécurité.

La modélisation de Maslow est d'autant plus riche et intéressante si on la comprend avec cette notion de flexibilité.

Et quelle est l’utilisation de cet outil en développement personnel ?

En reprenant ses recherches à la fin des années 60, Maslow a ajouté un sixième besoin : le besoin de dépassement de soi.

Certains hommes sont en effet motivés par des valeurs qui vont au-delà de leur propre personne.
C'est le cas des altruistes, des bénévoles ou des personnes engagés dans des œuvres humanitaire par exemple, qui mettent de côté leurs propres besoins pour satisfaire ceux des autres. Même si à vrai dire, nous pourrions observer cet intérêt pour les autres sous l’influence des neurosciences, et catégoriser ce genre de comportement comme de « l’altruisme égoïste ». En effet, s’engager dans une œuvre d’intérêt général déclenche chez la plupart des personnes la libération d’hormones de plaisir, comme la dopamine ou l’ocytocine, hormones indispensables à notre survie, ce qui, dans un certain, rejoint le besoin fondamental de protection. Mais comme ce n’est pas le sujet du podcast d’aujourd’hui, je vous invite à consulter notre série consacrée aux émotions si vous souhaitez en apprendre davantage.
Ainsi, quand nous parlons de trouver sa mission de vie, de donner du sens à sa vie, nous sommes typiquement là dans des questionnements relatifs au développement personnel.

Notons que cette pyramide peut également servir dans le cadre professionnel :

La productivité d'un collaborateur
(niveau 5-accomplissement de soi, donner le meilleur de soi, être performant)
peut être dégradé si celui-ci ne se sent pas intégré dans son équipe de travail
(niveau 3, appartenance)
ou tout simplement s’il n'a pas bien dormi
(niveau 1, survie, besoins physiologique)

La pyramide de Maslow peut être utilisée pour mieux comprendre un individu comme une entreperise.Les besoins de l’être humain sont les mêmes que ceux d'une entreprise
à conditions que les salariés soient impliqués dans la vision de la compagnie et que leurs engagements soient respectés et valorisés.

Partie 2 :
La pyramide de Maslow est donc un outil qui permet de prendre conscience, de faire un état des lieux, mais que se passe t-il quand un besoin n'est pas satisfait ? Et alors, comment le satisfaire ?

Quand un besoin n’est pas satisfait, notre corps exprime ce manque à travers les émotions.
(quand je manque de sommeil, je suis irritable)

L’insatisfaction des besoins peut avoir des conséquences graves et peut provoquer des souffrances physiques et psychiques.
(un manque de nourriture de manière prolongée et répétée, peut entrainer des carences et un retard de développement)
(ou encore, un manque d'affection, peut entrainer un manque de confiance ou des frustrations).

Il est donc important de prendre conscience des manques et des besoin non satisfaits et d'essayer d'y remédier.
En cela, les travaux d'Erich Fromm sont précieux. A travers ces recherches, il propose 2 façons de répondre au problème : être et avoir.

Prenons l'exemple du besoin de sécurité.
On peut y répondre par la manière "avoir" : avoir de l'argent, avoir un système d'alarme, avoir un chien de garde. Bref, des solutions très pragmatiques.
Ou bien, y répondre par la manière "être" : être content de ce qu'on a, être serein, être confiant, être en paix avec notre situation.

Qu'on choisisse le mode avoir, le mode être ou un mélange des 2, la satisfaction de ses besoins est un processus actif.
C'est par la prise de conscience des besoins à satisfaire puis par l'élaboration d'un plan d'action qu'on arrive à augmenter la proportion des besoins satisfaits et que petit à petit, on se préocupera majoritairement des niveaux supérieurs.

Si je ne me trompe pas, on retrouve ici l’idée du processus méristHemE non ?

Exactement, prise de conscience, définition d’objectif, actions et feedback pour atteindre le résultat souhaité.
Note : peut être peux tu toi aussi en dire davantage ?

Auriez des améliorations à porter à cette représentation ?
Tout d’abord, ne vous laissez pas avoir par sa surprenante simplicité. Essayez toujours de creuser les différentes dimensions possibles au sein de chaque palier.
Prenons comme exemple le palier 3, avec le besoin d’appartenance. Celui-ci reflète typiquement notre caractère d’animal social. A l’époque des hommes préhistoriques, il s’agissait d’appartenir à un groupe pour rester en vie, aujourd’hui nous parlerons plutôt d’appartenir à un groupe pour nous sentir vivant. Mais tout comme l’illustre le proverbe « on choisit ses amis, mais pas sa famille » un individu est toujours partagé entre ce qu’il ne choisit pas, et ce à quoi il aspire. Prenons par exemple un adolescent, de sexe masculin, et d’origine caucasienne. Tous ces éléments constituent ses groupes d’appartenance. Il pourra ensuite décider de ses groupes de référence : être un sportif, un artiste, aimer le rock, les jeux vidéo…bref, adopter les codes des groupes dont il envisage l’intégration. Essayez ainsi de toujours concevoir que l’approche d’apparence simple de la pyramide doit vous pousser à creuser et à vous interroger sur les points moins explicites des besoins humains.
De plus, pour utiliser un mot trop compliqué pour ce qu’il veut dire, on pourra reprocher à la pyramide d’être trop performative : à savoir qu’elle façonne ce qu’elle ne devrait que décrire. Nous avons accordé beaucoup d’importance à cette représentation depuis plusieurs dizaines d’années, essentiellement parce qu’elle nous fournit un schéma simple d’analyse de la façon dont l’humain comble ses besoins. Et comme notre cerveau aime les choses qui rentrent dans des cases, nous avons eu tendance à généraliser ce processus pyramidal. Mais l’être humain, au même titre que la société dans laquelle il évolue, est bien plus complexe que ça, et comme nous l’avons vu au cours de notre échange, peut chercher à combler des besoins d’échelles différentes simultanément. Ainsi, bien que les niveaux de besoins soient tout à fait justes et pertinents, n’hésitez pas changer votre regard, et à privilégier une forme circulaire, carrée ou autre pour représenter ces besoins. Vous verrez, cette technique peut suffire à changer votre vision du monde.

(Conclusion : )
Pour résumer, on peut dire que la pyramide des besoins de Maslow est un outil pertinent pour prendre conscience de ses besoins et passer à l’action pour les satisfaire c’est bien cela ?
Tout à fait, cette modélisation est un outil simple et rapide pour mieux comprendre les besoins prioritaires d'une personne et initier le changement.
Il faut cependant être attentif à ne pas tomber dans le piège d'une trop grande simplification et laisser à l'homme toute sa complexité.

Et bien j’espère que ces informations auront répondu à vos besoins( !), un grand merci à Alexandre pour ces explications claires et concrètes, et à très bientôt pour un autre podcast dédié au coaching…

Au revoir, et à bientot