Entretien croisé : psychologie et coaching
Par Anne-Florence et Elise
22/02/21
d
Coaching | Esprit
}
9 minutes

Dans notre quotidien, coaching et psychologie sont souvent confondus et il est difficile de se faire une idée précise de l’un et de l’autre aussi bien en termes de contenu, de processus que d’apports. Dans cet article, nous donnons la parole à une coach professionnelle et à une psychologue afin qu’elles nous aident à y voir plus clair…

Comment définiriez-vous vos pratiques ?

Anne Florence, psychologue :

« La psychologie est l’étude des phénomènes psychiques. Un.e psychologue-psychothérapeute est quelqu’un qui a étudié ces phénomènes, qui peut les évaluer et les traiter. On parle alors de « soin psychique » ou « soin psychothérapeutique ». Les pensées, les comportements, les émotions, le langage corporel, etc. sont les manifestations d’une construction psychique singulière. 

Au fil des siècles, philosophes, médecins, psychanalystes, psychologues, neurologues, ont proposé des modèles théoriques qui ont tantôt mis l’accent sur le rôle de la biologie, de la société, de l’environnement, de la génétique dans la construction du psychisme. Les outils utilisés pour soigner sont directement liés à ces différentes conceptions. Les psychologues forment donc une communauté hétérogène qui propose des outils de connaissance de soi très variés ! Ce qui est central dans la rencontre avec un thérapeute, c’est bien la relation soignant-soigné. C’est elle qui agit. Le psychologue met au travail l’outil qui lui ressemble pour le mettre au service de la personne qui vient le consulter.

Élise, coach professionnelle :

« Le coaching est également un accompagnement basé sur cette relation de confiance. Dans cet espace privilégié où l’on peut parler de tout, le coach utilisera sa posture et ses outils pour permettre à son interlocuteur de trouver ses propres solutions. L’idée est de permettre à la personne coachée de faire un état des lieux de sa situation actuelle puis de ce qu’elle souhaite obtenir. La seconde étape est de lui faire prendre conscience de ce qui l’empêche de passer de l’un à l’autre.

Une fois ce travail effectué, le client est en mesure de se fixer un objectif précis et d’établir un plan d’action pour lever les blocages et avancer vers la situation idéale qu’il aura identifiée.

Le coach l’accompagne alors de proche en proche. Cette phase d’actions est constituée de petits pas et le travail du coach est de s’assurer de la motivation du coaché, de la justesse des étapes définies (ni trop faciles, ni trop dures) ainsi que des aspects matériels, techniques ou théoriques (rassembler toutes les conditions pour réussir).

Pour finir, le rôle du coach est de donner des feedbacks structurants à son client. Un bon feedback permet de maintenir un haut niveau de motivation, de célébrer le succès en mettant en lumière ce qui a été positif et de donner des pistes concrètes de progression.

Chaque coaching est une rencontre et un projet, il n’existe donc pas de recette toute faite. Cependant pour schématiser, on peut dire qu’un coaching est un processus de 4 étapes (prise de conscience/définition d’objectif/actions/feedback) qui se déroule sur une dizaine de séances et pouvant s’étaler sur environ 6 mois. »

Anne Florence :

« A entendre Élise parler clairement de la démarche en coaching, je me dis que la démarche du psychologue-psychothérapeute est plus difficilement « clarifiable » …essayons :

La durée est à peu près quantifiable lorsqu’on consulte un psychologue cognitivo-comportemental — qui agit sur le symptôme et qui établit avec le client des objectifs. Pour ce qui me concerne et à partir de mes outils psychodynamiques, issus de la psychanalyse, dans le cadre d’un suivi thérapeutique je dis souvent qu’on ouvre des portes… la durée est celle qu’on veut bien y mettre…

Notre « maison mentale » est bien plus grande que nous l’imaginons !! Et le patient-client est maître de ce temps-là. Les objectifs sont apparemment simples : atténuer la souffrance de vivre, desserrer les nœuds qui empêchent d’aborder les situations d’aujourd’hui avec souplesse, sortir de comportements répétitifs dans la relation à autrui, mettre des mots sur des angoisses ou des somatisations. Mais chaque histoire est unique, et complexe. Le psychologue adopte une écoute neutre (sans jugement) et bienveillante. La thérapie vise à acquérir une confiance renouvelée en ses propres capacités, d’établir des liens, de faire face à la nouveauté, etc. »

Dans quels cas à t-on recours à vos pratiques ?

Élise :

« Quand une personne se tourne vers le coaching, cela ne veut pas dire qu’elle n’est pas capable ni qu’elle est en détresse. C’est simplement qu’à ce moment de sa vie, elle ne parvient pas à prendre le recul nécessaire pour organiser ses pensées et agir de manière efficace. Concrètement, cette personne se sentira dans une impasse, aura le sentiment de ne pas être à sa place, sera insatisfaite de ce qu’elle a, mais sans en comprendre réellement la raison.

Un sentiment de mal-être confus sera généralement exprimé : « J’ai tout ce qu’il faut, mais pourtant… » « Je ne devrais pas me plaindre, mais je… ». Ce mal-être aura différentes origines, mais globalement, insatisfaction et frustration agiront à petit feu sur l’estime de soi de l’individu. À force de ne pas être satisfait de ce que l’on fait, on finit par croire que nous n’avons pas de valeur et l’image que l’on se fait de soi se dégrade, on a de moins en moins confiance. Alors, on prend moins d’initiative, on ose moins faire de choses et du coup, on réussit de moins en moins… et ainsi de suite… »

Anne Florence :

« Le mouvement qu’a une personne vers un coach me paraît être le même que celui qui l’amène vers un psychologue. Ce qui prime, c’est la relation d’aide : « Cette chose-là me pèse. », « J’ai envie, mais je n’arrive pas à.… », « Je ne sais plus où j’en suis. », « Je ne me sens pas bien. »… Quelquefois c’est le corps qui « parle » et la médecine qui nous dit qu’il n’y a là rien d’organique. Quelquefois encore l’angoisse jaillit où les mots semblent impuissants.

La réponse apportée par le coach ou le psychologue n’est pas la même. On pourrait peut-être dire que l’écoute ne se situe au même niveau.

Les ‘psys’ parlent quelquefois de travailler la demande : qu’est-ce que ce patient demande vraiment ? Lorsque le patient peut parler en son nom propre, il peut alors trouver sa réponse ! On pourrait dire avec Claude Lévi-Strauss qu’il n’y a pas de vraies réponses, mais seulement de vraies questions.

La thérapie va proposer un compagnonnage à la personne en souffrance afin de l’aider à se positionner autrement, lui faire entrevoir des choses d’elle-même ou de son environnement qu’elle ne pouvait pas voir ou se refusait de voir. Le psychologue évalue dans un premier temps les mécanismes de défense utilisés par le patient qui sont pour celui-ci des moyens qu’il a forgés au gré de ses expériences de vie, mais qui, plus tard, peuvent s’avérer un frein. La personne, sans cesse confrontée à de nouveaux défis, peut se trouver ‘coincée’ et ne pas parvenir à accomplir ce que pour autant, et au moins consciemment, elle désire ! Le travail de thérapie consisterait donc à savoir si ce désir, mis en avant par la personne, est vraiment le sien, puis d’identifier ce qui l’empêche d’y parvenir et/ou de redéfinir son propre désir.”

Élise :

“L’approche du coach concernant le besoin est plus simple, car elle est plus conscrite. Les entretiens se concentrent sur un domaine particulier. Ils permettent de regarder les choses en face et de prendre conscience de ce qui marche comme de ce qui marche moins bien et nous cause cette insatisfaction. La définition d’un objectif précis permet de focaliser ses efforts sur un point et de remettre la machine en route pour renouer avec le succès, se redonner de la valeur, avoir une meilleure image de soi et reprendre confiance. Rentrer à nouveau dans un cercle vertueux permet de se sentir mieux. Si l’on parvient à répéter le processus expérimenté lors du coaching pour d’autres projets, alors, ce sentiment de bien-être pourra s’inscrire dans le temps et l’on parlera d’un bien-être durable.”

Comment savoir s’il vaut mieux se tourner vers le coaching ou la psychologie ?

Élise :

“Et bien en tant que coach, je vous dirais que si vous avez déjà une idée du domaine qui vous pose problème et que vous avez envie de passer à l’action pour vous diriger rapidement vers un résultat concret, le coaching est en excellent moyen.

L’objet de ce type d’accompagnement est de mettre en place les conditions favorables à la réussite de votre projet et de vous aider à entrer de nouveau dans un mode de fonctionnement positif (cercle vertueux) qui vous permettra de renouer avec le bien-être.

Si l’approche coaching vous intéresse, prenez quelques minutes pour visiter notre site et compléter l’‘assess coach’ en ligne. Ce petit questionnaire sera suivi d’un entretien offert avec un de nos coachs professionnels et sera l’occasion de poser vos questions et de déterminer si le coaching répond bien à votre besoin.”

Compléter l’assess coach : https://assess.coach/hemelifecycle/

Anne Florence :

“En tant que psychologue, je dirais : en consultant ce site, vous avez manifesté le désir de changer quelque chose. Si vous vous représentez cela comme ‘impossible’ pour les mille et une raisons qui vous passent par la tête, comme ‘oui, mais j’ai déjà essayé’, ‘je me retrouve toujours dans les mêmes impasses’… passez par le processus décrit par Élise et vous clarifierez ensemble pourquoi vous gardez cette impression. Et à un moment donné du processus, vous pourrez, si nécessaire, avoir accès à un entretien d’évaluation et une orientation selon vos besoins.

Si tout cela vous semble flou ou si votre mal-être vous empêche de porter votre attention sur quoi que ce soit : laissez-vous du temps ! Enfin si vous vous sentez en détresse : pensez à consulter des professionnels de santé mentale de votre région qui sauront vous aiguiller, en fonction de votre problématique.”

En résumé

A retenir

  • Le coaching est un accompagnement bref utilisant un processus et des ressources (théoriques, pratiques ou humaines) dans le but d’atteindre un objectif défini et mesurable.
  • La thérapie auprès d’un psychologue est un temps que l’on se donne pour lever des inhibitions et parvenir à parler en son nom propre afin d’orienter au mieux ses choix de vie.
Anne Florence est psychologue, pour elle, accompagner les personnes, petites ou grandes, dans la connaissance d’elles-mêmes, de leurs contraintes et de leurs ressources est une passion, un art de la rencontre à renouveler sans cesse. Élise est coach et formatrice, pour elle, faciliter le changement en accompagnant les personnes dans leurs défis personnels et professionnel jusqu'à l'atteinte de leurs objectifs est une savante alchimie à réinventer à chaque rencontre.

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