Octobre 2023
Le travail en entreprise, souffrance ou plaisir ?
Marina Ramaroson
Directrice associée méristHemE Madagascar, coach professionnelle et consultante RSE
Que ressentez-vous avec le mot “travail” ?
En fonction de votre situation professionnelle actuelle, vous ressentez sûrement des émotions positives ou négatives (peur, dégout, confiance, joie…). Quel que soit le sentiment, pour beaucoup d’entre nous, le travail est une nécessité puisqu’il fait référence à une rémunération financière. Il n’est donc pas un objectif en soi, et est une activité économique qui a pour but de satisfaire nos besoins fondamentaux. En faisant référence à la Pyramide de Maslow, je dirais que travailler nous permet de répondre à nos besoins physiologiques (se nourrir, se vêtir) ; mais aussi devrait nous donner l‘opportunité de satisfaire aux 4 autres niveaux besoin :
- Sécurité (un toit, une retraite, une assurance maladie…),
- Appartenance (statut social, intégration à un groupe familial, amical, à une communauté)
- Reconnaissance (être reconnu, réussir, avoir le respect des autres…)
- Accomplissement (s’épanouir, exprimer son potentiel, sa créativité, vivre sa raison d’être…)
Peut-être direz-vous : “Ce n’est pas le cas pour tous”. C’est un fait, mais c’est la vision vers laquelle nous souhaitons accompagner les entreprises et leurs collaborateurs par une démarche de la Qualité de Vie au Travail Responsable (QVTR).
La notion de la responsabilité implique d’éliminer le ‘greatwashing’, qui consiste à communiquer plus sur le bien-être au travail que sur la pratique authentique du bien-être au travail. La QVT regroupe toutes les actions mises en place par l’entreprise qui visent à améliorer les méthodes, les conditions et l’environnement professionnels tout en permettant le développement des performances de l’entreprise.
En effet, des études confortent l’existence d’un lien entre la QVT et la performance économique des entreprises par une hausse de 23% de la productivité et une amélioration de la rentabilité d’exploitation de 15% (Enquête DARES 2020). Mais au-delà de ces chiffres, une démarche QVTR va permettre de redéfinir les valeurs de l’entreprise qui auront un impact sur l’engagement dans le travail, les conditions et relations entre collègues et le sens donné aux activités professionnelles.
Il est évident que cette démarche ne sera créatrice de valeur qu’à condition que les collaborateurs soient acteurs, s’impliquent, s’expriment, innovent et pratiquent un savoir-être favorable à un environnement de travail agréable. Dans ce cadre, le travail peut devenir un vecteur d’épanouissement personnel et d’accomplissement.
La mise en place d’une QVTR ne nécessite pas systématiquement des investissements financiers importants en revanche, elle requiert des valeurs humaines fortes : une conviction sur le bien-être au travail, un engagement des membres de la direction, et la reconnaissance de toutes les parties prenantes. Pour conclure, le sentiment du travail, souffrance ou plaisir, dépend des valeurs aspirationnelles partagées par les parties prenantes de l’entreprise, de la qualité de vie au travail fournie par celle-ci et de l’implication individuelle de chaque collaborateur, à sa fonction, pour alimenter cette qualité de vie au travail.
Nous aurons le plaisir de partager avec vous sur ce sujet lors de 2 évènements majeurs :
- Le 05 octobre à Antananarivo (Madagascar) : Journée de la QVCT le 5 octobre, organisée par Innoveo et méristHemE Madagascar
- Du 16 au 18 octobre à Deauville (France) : The Big Green, rdv des acteurs de la RSE en entreprises
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ACTUALITÉ méristHemE France
THE BIG GREEN approche à grand pas pour une 4ème édition passionnante et engagée, du 16 au 18 octobre à l’hôtel Le Royal Barrière***** à Deauville ! Une occasion unique pour y découvrir de nombreux acteurs RSE et QVT.
Notre équipe sera présente pour vous présenter notre actualité, nos nouveautés et échanger autour de votre audace et vos questionnements RSE/QVT.
Un riche programme et 450 acteurs engagés :
PROGRAMME EVENTS DAYS & THE BIG GREEN DEAUVILLE 2023
Rejoignez-nous : EVENTS DAYS & THE BIG GREEN 2023
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ACTUALITÉ méristHemE Madagascar
méristHemE Madagascar : dans le cadre de la semaine du développement durable du 03 au 07 octobre, nous animerons une journée séminaire « Qualité de Vie et Conditions de Travail » le Jeudi 05 octobre au Carlton Anosy. Au programme :
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Chez méristHemE, nous avons à coeur que tout le monde trouve des solutions simples et personnelles pour se sentir bien.
Ce mois-ci, nous vous proposons une technique pour apprivoiser votre stress, que vous pouvez assimiler, vous approprier, ou juste vous laisser inspirer 😉
Un article de Elise Ramaroson
Vers l’alignement professionnel…
Depuis la crise sanitaire, la quête de sens est sur toutes les lèvres. Effet de mode ou véritable point de bascule, il semble que la place du travail dans la société est bel et bien remise en question, qui plus est par la génération Z qui ose dire tout haut ce que les générations précédentes pensent tout bas.
Qu’observe-t-on concrètement ?
D’un côté, un désengagement d’une partie des collaborateurs semblant ne venir qu’avec l’idée de pouvoir repartir vers ses loisirs, de l’autre côté, l’expression d’une véritable souffrance devant ce métier-passion qui ne répond plus à ses attentes. Dans les deux cas, l’origine est une dissonance entre les besoins professionnels de l’employé et ceux auxquels l’entreprise propose de répondre. Mais voyons tout cela de plus près…
Derrière le mot « travail », que nous comprenons tous aisément, se cachent deux points de vue. En effet, certains créditent l’origine du mot, à l’ancien français « traveillier » (faire souffrir), lui-même issu du latin « tripāliāre » (torturer avec le tripalium, outil de torture), induisant une connotation de pénibilité au travail, au profit des loisirs.
D’autres optent pour une seconde étymologie, proposée par Marie-France Delport dans son étude des mots hispaniques médiévaux. D’après elle, le mot « travail » viendrait de « trabajo » et exprimerait une « tension qui se dirige vers un but et qui rencontre une résistance ». Pour elle, on y retrouve le préfixe latin trans-, qui exprime un passage d’un état vers un autre. Le travail serait alors vu comme un voyage, un changement.
Et on voit bien là apparaitre deux interprétations différentes. Une qui considère que le travail est ce qui transforme la nature pour satisfaire les besoins de l’être humain (approche philosophique) et la seconde où le travail consiste à produire un effort en échange d’une rémunération (approche économique).
La définition économique semble plus limitante. En effet, que faire du travail non rémunéré effectué par les hommes ou les femmes au foyer, les élèves, les étudiants en encore les bénévoles qui bien que ne recevant aucun salaire créent beaucoup de valeur et sont essentiels au développement d’une nation ?
Une définition à la fois plus moderne et plus précise du travail ne permettrait-elle pas de lever l’ambiguïté relative à ces deux approches et de clarifier les besoins auxquels un travail devrait répondre ?
Depuis quelques décennies…
…de nombreux intellectuels se penchent sur cette question.
Pour Henri Walon (Psychologue et homme politique1879-1962), travailler c’est « contribuer par des services particuliers à l’existence de tous, afin d’assurer la sienne propre ».
Pour Marie Jahoda (psychologie 1907-2001), le travail se définit selon 5 aspects :
- Donner une structure temporelle à la vie
- Créer des contacts sociaux hors de la famille et des amis
- Donner des objectifs indépendants de ses besoins propres
- Définir une identité et une utilité sociale
- Forcer à l’action
Repenser ses activités en fonction de leurs impacts sur soi et sur l’environnement permet de remettre le sens au cœur de la question et donc la valeur qu’on apporte réellement au monde de manière durable.
La tendance semble être de délaisser l’aspect consumériste et de ne plus accepter de « se tuer à la tâche » moyennant compensation salariale permettant tout juste de dépenser pour se divertir un peu avant de revenir travailler dans un cycle répétitif et monotone.
Pour beaucoup, le travail doit être repensé comme un espace structurant la vie, permettant de se former et de s’épanouir en contribuant au développement durable de l’ensemble de son environnement (proche et moins proche — dans le temps comme dans l’espace).
C’est ainsi que la formation tout au long de la vie, la semaine de 4 jours ou encore le salaire universel s’invitent régulièrement dans les débats politiques.
Au niveau de l’individu…
…repenser le travail revient à savoir pourquoi on se lève chaque matin, à comprendre ce qui nous motive ou encore à identifier ce qui est apprécié et reconnu dans les actions effectuées… cela n’est pas si simple, cela évolue avec le temps et cela mérite qu’on y consacre quelques réflexions avant de prendre ou de ne pas prendre les meilleures décisions possibles.
En effet, la plupart des collaborateurs qui ont des comportements de désengagement dans leurs entreprises vivent une forte dissonance intérieure entre leurs besoins professionnels et les besoins de l’entreprise. C’est pourquoi prendre le temps de clarifier ses critères d’alignement professionnels et de retrouver une consonance est indispensable pour retrouver ses pleines capacités de décision et d’action.
Cette clarification revient à se poser les bonnes questions sur ses besoins et sur ses attentes au travail :
• Ce qu’on veut faire?
• Avec qui on veut le faire ?
• Comment on veut le faire ?
• Pour qui on veut le faire?
Ces clarifications vont permettre, entre autres, d’identifier l’origine d’un éventuel mal-être au travail, de percevoir les causes, de mieux comprendre leurs effets, pour certains, de prendre conscience que le Brown out* n’est pas loin ou encore de conscientiser que le stress ressenti au travail agit sur le cerveau et déclenche une réaction de défense qui aboutit, selon les individus, à l’évitement, à l’immobilité ou à l’affrontement.
Dans les deux cas, l’entreprise sera gagnante par un retour à la performance dans un climat d’équipe apaisé et une relation managériale constructive.
Pour résumer, nous pouvons dire que dans l’idéal, un travail devrait être une activité choisie permettant de contribuer au développement de son environnement et à son épanouissement personnel.
Pour cela, avoir une bonne connaissance de ce que l’on peut apporter, de ce que l’on souhaite apporter et de ce dont notre environnement a besoin est primordial.
De plus, le monde et chacun d’entre nous étant en perpétuel changement, changer de métier, de travail et même de secteur d’activité va devenir la norme.
Apprendre à se poser les bonnes questions ou à accompagner ses collaborateurs dans cette démarche devrait donc également devenir une habitude afin de rechercher l’alignement professionnel, de maintenir un état de consonance et d’être en responsabilité de décider et d’agir.
*Expression anglaise signifie littéralement « baisse de courant » psychique. Maladie dite de l’absurde, cette baisse de régime est liée à la quête de sens dans son travail par rapport à soi, et à la culture de son entreprise.