Mars 2024
LA JOURNÉE DE LA FEMME, C’EST TOUS LES JOURS
Marina Ramaroson
Directrice méristHemE Madagascar – Coach certifiée – Consultante RSE
Comme tous les 8 mars depuis plusieurs décennies, l’Organisation des Nations Unies communique et mobilise en faveur des droits des femmes. Cette année, l’accent est mis sur « Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme ».
En effet, en dépit des mesures mises en place et des prises de conscience éparses, les changements ne se font pas à la cadence espérée et planifiée. Parfois, on pourrait même parler de recul. Si les sociétés ne prennent pas suffisamment rapidement de mesures fortes pour changer l’équilibre des droits hommes/femmes, peut-être n’y sont-elles pas prêtes, peut-être n’y voient-elles pas d’intérêt, peut-être ne savent-elles pas comment s’y prendre, peut-être ne reçoivent-elles pas suffisamment d’information, peut-être est-ce tout simplement plus confortable ?
Difficile de donner une réponse globale et de prétendre détenir la solution. Le fait est que la cause des droits des femmes est une cause cruciale, impliquant directement la moitié de la population terrestre et impactant son ensemble ainsi que l’éducation, l’économie, la culture sans oublier notre avenir.
Cela ne mérite-il pas qu’on s’y intéresse vraiment et qu’on mesure toute l’importance des actions à mener aujourd’hui pour inclure la force d’action et d’influence des femmes dans les projets liés au Développement Durable ?
Pour être utile, la journée des droits de la femme ne mérite-t-elle pas plus qu’une réduction sur les « produits roses » ou une fête entre filles au bureau ?
C’est ce que nous vous proposons d’explorer dans notre newsletter mensuelle.
Bonne lecture…
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Ce que les femmes ont VS ce qu’elles veulent vraiment
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Droits des femmes et procrastination : retardons-nous les vraies actions ?
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Quelques statistiques sur le progrès encore à faire au travail
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Un article de Marina Ramaroson
Journée de la femme ou Journée de lutte pour les droits des femmes ?
Depuis 1977, le 8 mars est consacré à la cause féminine. Chaque année à cette date, l’humanité est incitée à prendre pleinement conscience qu’un humain sur 2 est une femme et à adopter pour 24 heures un langage qui valorise, soutien et défend l’égalité des sexes et de leurs droits.
L’objectif premier de la journée de lutte pour les droits des femmes est d’offrir plus de visibilité à la promotion des droits des femmes et de sensibiliser largement afin de conduire à un changement rapide, profond et durable de la place des femmes dans la société.
Les années passant, on parle de plus en plus de « journée de la femme », oubliant que le cœur de nos préoccupations concerne la défense de leurs droits et continuant souvent à notre insu à véhiculer une image de la femme stéréotypée et réductrice.
Cette année, nous vous invitons à rester vigilant et à veiller à garantir le respect de l’objectif promulgué par l’ONU car la tentation d’utiliser cet événement à des fins commerciales est grande et il serait facile de tomber dans le great washing.
En clair :
Une journée de lutte en faveur des droits des femmes pour catalyser un véritable changement et progresser dans la création d’une société où les femmes peuvent vivre concrètement à l’égal des hommes, profitant du respect et d’opportunités chaque jour de l’année : OUI.
Des célébrations superficielles et des gestes symboliques qui utilisent la cause féminine : NON.
Un article rédigé par par Elise Ramaroson
Droits des femmes et procrastination
La Journée mondiale de la procrastination et la Journée mondiale de la femme ont lieu toutes les deux en mars. Ce hasard du calendrier nous a amenés à nous questionner sur la tendance qu’on observe à retarder la lutte et l’action efficaces en faveur des droits des femmes. Dans cet article, nous nous proposons d’explorer les liens entre la procrastination et les défis persistants auxquels sont confrontées les femmes en termes de normes sociales, d’attentes et de contextes professionnels.
Notre objectif est d’évaluer de manière critique pourquoi le système procrastine à donner sa véritable place à la moitié des habitants de la planète, en fondant l’hypothèse que les hommes et les femmes pourraient appréhender l’idée d’initier un changement dont les conséquences sont incertaines.
Vous avez dit procrastination…
La procrastination est un comportement universel qui naît souvent de la peur de l’inconnu et des conséquences potentielles du changement. En appliquant ce concept au domaine des droits des femmes, on peut penser que l’absence de progrès substantiels pourrait être enracinée dans la réticence de la société à affronter le territoire inconnu du démantèlement des normes de genre en vigueur.
• Les rôles traditionnels de genre et les attentes sociétales ont des racines profondes qui s’étendent à travers les générations. La peur de perturber ces normes peut conduire à procrastiner dans la mise en œuvre de changements significatifs. Se libérer des rôles de genre établis remet en question le statu quo et suscite un malaise parmi ceux qui sont habitués à l’ordre existant et qui préfèrent la certitude et la stabilité qui leur servent de « zone de repère » ou de confort.
• En ce qui concerne le cadre professionnel, on se heurte bel et bien au fameux plafond de verre. La procrastination est évidente dans la lenteur du démantèlement des stéréotypes et des barrières vis-à-vis de l’émancipation des femmes dans les milieux professionnels. Malgré les progrès réalisés, les femmes restent confrontées à des obstacles évidents et à des préjugés sexistes. La peur des conséquences inconnues de la restructuration de l’organisation du travail contribue à une réticence à remettre en question des préjugés profondément enracinés, qui non seulement entravent les progrès vers l’égalité des sexes, mais représentent aussi une perte d’innovation et l’inexploitation de potentiel et de valeur apportés par les femmes.
• Cette peur d’initier un changement et d’oser cheminer vers des résultats imprévisibles n’est exclusive à aucun sexe. Il s’agit là d’une préoccupation partagée. Les hommes comme les femmes semblent hésiter à agir concrètement pour l’égalité des sexes, craignant des conséquences imprévisibles et semblant préférer maintenir « l’ordre » établi. La procrastination résulterait d’un malaise collectif face à la refonte potentielle des dynamiques sociétales, des relations interpersonnelles et des hiérarchies professionnelles.
Comment surmonter la procrastination pour progresser ?
• Pour sortir de ce statu quo tacite et inéquitable, l’ensemble de la société devra affronter ses peurs et ses incertitudes et passer outre cette procrastination. Un dialogue plus ouvert, une éducation plus impliquée et une sensibilisation plus transparente aux avantages de l’égalité des sexes contribueraient certainement à atténuer les inquiétudes. D’autre part, la mise en œuvre de politiques proactives concernant la lutte contre les stéréotypes et la promotion de l’inclusion dans diverses sphères seraient cruciales vers des progrès significatifs.
• Le principal problème actuellement est que nous nous contentons de discours et de gestes surtout symboliques comme la Journée de la femme, qui nous convainquent que nous agissons dans le bon sens et que nous faisons déjà le nécessaire pour assurer l’égalité recherchée. Or, non seulement ces gestes ne sont pas propices à des actions concrètes et révolutionnaires pour mettre en place un réel changement, mais surtout, ils ressemblent fortement à de la poudre aux yeux et peuvent être contre-productifs. « Offrir » aux femmes « leur journée » n’est-il pas comme un blanc sein pour mieux les diminuer les 364 jours restants ? Ces gestes symboliques ont bien leur utilité, mais s’en contenter ne risque-t-il pas de renforcer la procrastination en véhiculant une illusion de progrès ?
Cette lecture croisée de la procrastination et de la lutte pour les droits des femmes offre une perspective unique permettant de comprendre les défis rencontrés pour parvenir à l’égalité des sexes. En évaluant de manière critique les causes profondes de la procrastination dans ce contexte, nous pouvons œuvrer à l’élimination des obstacles qui entravent le progrès. Il est temps de reconnaître que la procrastination ne fait que perpétuer le statu quo et que la surmonter est la première étape vers la réalisation du véritable potentiel d’une société où les hommes et les femmes sont sur un pied d’égalité. Comme on le dit souvent : « les individus veulent du progrès, mais sans changement ». C’est pourtant bien par cette acceptation de l’inconnu qu’il faudra commencer…
Quelques statistiques (INSEE, France 2023) :
• Les femmes ne représentent qu’un tiers du temps de parole dans les médias audiovisuels.
• Les femmes gagnent 22% de moins que les hommes.
• Les femmes perçoivent des pensions de retraite 40% inférieures à celles des hommes.
• Les femmes sont plus diplômées que les hommes mais moins nombreuses parmi les cadres. Alors que 42% des femmes âgées de 25 à 64 ans sont diplômées du supérieur, contre 37% des hommes, les femmes ne représentent que 43% des cadres.
• 27% des femmes prennent un temps partiel pour s’occuper des enfants, contre 8% des hommes.
• Plus d’un tiers des mères célibataires (36%) vivent sous le seuil de pauvreté.