Participants

Franck Ramaroson

Résumé

Il s'agit de comprendre comment la chimie du cerveau influence nos conversations et les principes fondamentaux pour mener une conversation intelligente.

À propos de l’Ă©pisode

 

Il s'agit de comprendre comment la chimie du cerveau influence nos conversations et les principes fondamentaux pour mener une conversation intelligente.

À propos des participants

 

Franck Ramaroson est le CEO de méristHemE et est certifié Conversational IntelligenceŸ (C-IQ)

Contenu Ă©crit

Introduction
Pourquoi les commentaires et les conversations nĂ©gatifs nous restent-ils plus longtemps que les positifs ? Une critique d'un patron, un dĂ©saccord avec un collĂšgue, une bagarre avec un ami - la piqĂ»re provoquĂ©e par l'un de ces Ă©lĂ©ments peut nous faire oublier un mois de louanges. Si vous avez Ă©tĂ© traitĂ© de paresseux, d'insouciant ou de dĂ©cevant, vous vous en souviendrez probablement et l'intĂ©rioriserez. C’est comme si il Ă©tait plus facile d’oublier, toutes les fois oĂč les gens vous ont dit du bien.

Je suis sĂ»r que cela vous est dĂ©jĂ  arrivĂ© : vous ĂȘtes dans une rĂ©union d'Ă©quipe tendue pour essayer de dĂ©fendre votre position sur un grand projet et vous commencez Ă  vous sentir perdre du terrain. Alors, automatiquement, votre voix devient plus forte. Vous dĂ©fendez votre point de vue. Il le repousse, vous vous battez de plus belle, quelque soient ses arguments, vous n’y pretez presque plus attention
l’important maintenant, c’est de sauver la face, c’est de gagner ! Vous devez convaincre tout le monde que vous avez raison. Cela ressemble Ă  une expĂ©rience hors du corps Ă  bien des Ă©gards. En termes de neurochimie, votre cerveau a Ă©tĂ© dĂ©tournĂ©.

Qu'est-ce-que la chimie du cerveau ?
La chimie joue un grand rĂŽle dans ce phĂ©nomĂšne. Lorsque nous sommes confrontĂ©s Ă  la critique, au rejet ou Ă  la peur, lorsque nous nous sentons marginalisĂ©s ou minimisĂ©s, notre corps produit des niveaux plus Ă©levĂ©s de cortisol, une hormone qui ferme le centre de rĂ©flexion de notre cerveau et active les comportements de protection, d’aversion et de conflits. Dans les situations de stress Ă©levĂ©, de peur ou de mĂ©fiance, le cortisol inonde le cerveau. Les fonctions exĂ©cutives qui nous permettent d’élaborer des processus de pensĂ©e avancĂ©s tels que la stratĂ©gie, le renforcement de la confiance et la compassion sont fermĂ©es. Et l'amygdale, notre cerveau instinctif, prend le relais. Le corps fait un choix chimique sur la meilleure façon de se protĂ©ger et est par consĂ©quent incapable de rĂ©guler ses Ă©motions ou de gĂ©rer les Ă©carts entre les attentes et la rĂ©alitĂ©.

Nous devenons plus rĂ©actifs et plus sensibles. Toutes ces rĂ©actions sont nuisibles car ils empĂȘchent le partage honnĂȘte et productif d'informations et d'opinions.

Souvent, on perçoit mĂȘme davantage de jugement et de nĂ©gativitĂ© qu'il n'en existe rĂ©ellement. Et ces effets peuvent durer 26 heures ou plus, imprimant l'interaction dans notre mĂ©moire et amplifiant l'impact qu'elle a sur notre comportement futur. Le cortisol fonctionne comme un comprimĂ© Ă  libĂ©ration prolongĂ©e - plus nous mĂ©ditons, (ressassons, pensons, ruminons) sur notre peur, plus l'impact est long.
La rĂ©ponse au combat est de loin la plus dommageable pour les relations de travail. C'est aussi, malheureusement, la plus frĂ©quente. Cela est en partie dĂ» Ă  un autre processus neurochimique. Lorsque vous vous disputez et que vous gagnez, votre cerveau est inondĂ© de diffĂ©rentes hormones dont l'adrĂ©naline et la dopamine par exemple, qui vous font vous sentir bien, dominant, voire invincible. C’est le sentiment que chacun d’entre nous voudrait reproduire. Alors la prochaine fois que nous serons dans une situation tendue, nous nous battrons Ă  nouveau. Nous devenons « accro » Ă  avoir raison.

Heureusement, il existe une autre hormone qui peut ĂȘtre aussi bonne que l’adrĂ©naline : l’ocytocine. C'est une hormone du bien-ĂȘtre qui Ă©lĂšve notre capacitĂ© Ă  communiquer, Ă  collaborer et Ă  faire confiance aux autres en activant des rĂ©seaux dans notre cortex prĂ©frontal. Elle est activĂ©e par la connexion (relation, interaction, contact) humaine, les commentaires positifs et les conversations harmonieuses et elle ouvre des rĂ©seaux dans notre cerveau exĂ©cutif, ou cortex prĂ©frontal, augmentant encore notre capacitĂ© Ă  faire confiance et Ă  nous ouvrir au partage. Notre objectif devrait ĂȘtre de stimuler la production d'ocytocine chez nous-mĂȘme et chez les autres, tout en Ă©vitant (au moins dans le contexte de la communication) ces pics de cortisol et d'adrĂ©naline. Mais il faut savoir que l'ocytocine se mĂ©tabolise plus rapidement que le cortisol, de sorte que ses effets sont moins marquants et durables. Il nous incombe donc de la maintenir Ă  un niveau Ă©levĂ©.

Comprendre cette chimie pour le bien-ĂȘtre ?
Cette « chimie des conversations » est la raison pour laquelle il est si essentiel pour nous tous d'ĂȘtre plus attentifs Ă  nos interactions. Les comportements qui augmentent les niveaux de cortisol rĂ©duisent ce qu’on appelle « l'intelligence conversationnelle » ou «C-IQ », ou la capacitĂ© d'une personne Ă  se connecter et Ă  penser de maniĂšre innovante, empathique, crĂ©ative et stratĂ©gique avec les autres. Les comportements qui dĂ©clenchent l'ocytocine, en revanche, augmentent ce C-IQ.

La premiĂšre des choses est de dĂ©velopper notre capacitĂ© Ă  noter ce qui se passe dans nos pensĂ©es et nos sentiments. En d'autres termes, dĂ©velopper notre capacitĂ© Ă  ĂȘtre prĂ©sent Ă  tout moment et au dĂ©but, ne rien faire qu'observer et constater comment on rĂ©agit. L'idĂ©e ici est de visualiser le "cocktail chimique" qui a lieu en nous et petit Ă  petit visualiser le fait qu'on va changer ce cocktail en versant consciemment de l'ocytocine.

Comment faire ?
La prochaine fois que vous aurez une conversation difficile, visualisez tout de suite Ă  ce qui se passe dans votre corps. Par exemple un collĂšgue vous a dit que votre dossier manque de rigueur dans son argumentation alors que vous y avez travaillĂ© pendant plusieurs jours d'arrache-pied. En plus, ce mĂȘme collĂšgue est responsable du stress qui vous a Ă©tĂ© imposĂ© car il Ă©tait en retard pour fournir les informations nĂ©cessaires.
 Que ressentez-vous Ă  ce moment-lĂ  ?
 Quelle rĂ©action allez-vous adopter ?
Le cortisol vous envahit immédiatement car vous entrez en mode protection.
 Si vous rĂ©agissez en combattant, votre collĂšgue Ă  son tour va ĂȘtre envahi par le cortisol et ainsi de suite

 Si vous rĂ©agissez par la fuite, votre cortisol restera longtemps ("vous ruminerez"),
 Si vous vous fermez, lui gĂ©nĂšrera de l'adrĂ©naline car "il aura gagnĂ©", ce qui l'incitera peut-ĂȘtre Ă  faire la mĂȘme chose plus tard.
Donc vous comprenez bien que sans une conversation "raisonnable" la voie est sans issue. Comprendre le fonctionnement de cette chimie est donc le premier pas vers une motivation pour développer sa capacité à mener des conversations intelligentes. Ensuite les méthodes vers cette conversation intelligente existent. On peut par exemple utiliser la communication non violente ou CNV pour laquelle un article est publié sur notre plateforme.

La recherche ne peut pas encore spĂ©cifier s'il existe des niveaux idĂ©aux de tous ces neurochimiques qui maximisent notre intelligence conversationnelle. Pourtant, nous le savons gĂ©nĂ©ralement quand nous le ressentons et le vivons ! Nous pouvons dĂ©velopper notre perception et notre habiletĂ© Ă  « mesurer » : prĂȘter attention aux signaux corporels, remarquer et apprendre en douceur, et devenir de plus en plus en phase avec les Ă©tats changeants de nous-mĂȘme et des autres. Le calme, la compassion et la connexion peuvent changer notre chimie.

Mais, de façon plus gĂ©nĂ©rale, on peut utiliser le C-IQ Ă©voquĂ© plus haut. Le C-IQ ou conversational Intelligence est un ensemble de pratiques innovantes qui exploitent la puissance des neurosciences pour crĂ©er une transformation profonde et durable des individus, des Ă©quipes et des cultures organisationnelles. Combinant science et spĂ©cificitĂ©s individuelles, l’Intelligence Conversationnelle (C-IQ) aspire Ă  nous faire passer d’un monde centrĂ© sur le “Je” Ă  un monde centrĂ© sur le “Nous” et Ă  apporter une transformation dans la maniĂšre de converser sur un plan neurochimique.

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